J’ai eu la chance d’explorer quelques grandes cités sous des latitudes très différentes. D’une ville à l’autre, le rapport aux besoins primaires est très différent. Ici je pense simplement à un besoin incontournable: aller aux toilettes.
La ville la plus folle où j’ai habité fut Bangkok. Avec le temps j’ai appris à aimer cette mégalopole tentaculaire. Les Thaïs ont un sens très profond du groupe. L’espace public est pourtant chaotique, mais une entraide spontanée se met facilement en place. Je me souviens qu’il était assez courant d’aller chez les gens en cas de besoin urgent.
À Paris, ce n’est pas la même ambiance. La cohabitation peut être plus périlleuse dans les espaces publics. Et le quotidien urbain est très souvent dépendant des espaces privés. Dans un tel cadre, des toilettes gratuites ont été installées, mais elles sont contre-productives, encore très sporadiques, et bien sûr inexistantes dans le métro. Ne nous étonnons pas si Paris sent si fort l’urine.
Avec l’arrivée d’un enfant, ces mêmes inconvénients s’accentuent avec la nécessité d’avoir un espace de change. Le plus souvent ils existent dans les espaces privés, coincés dans un coin des toilettes pour femmes. Que ce passe-t-il si le Papa est seul avec l’enfant? Pourquoi ne pas penser la ville pour cette nouvelle génération qui tente de faire sa place. J’ai plus particulièrement en mémoire la Grande Galerie de l’Évolution du Jardin des plantes. Superbe espace, somme toute très familial. Et pourtant une seule toilette femme est équipée pour changer son enfant, perché sur une très modeste planchette en plastique juste au-dessus de la poubelle.
Je reviens tout juste de Taipei, la capitale de Taïwan, où se trouve ma belle famille. Nous y allons une fois par an. Ma fille de deux ans navigue entre les deux cultures. Ces pérégrinations me permettent de faire une comparaison avec Paris sur ces mêmes points.
(Plan du métro de Taïpei avec la localisation de ces espaces)
Ici les toilettes sont partout et gratuites. C’est un vrai service public. Et ceux du métro sont les plus propres.
Bien entendu, il existe partout des espaces pour changer les enfants. Ce sont des espaces dédiés qui sont même présents dans le métro. Ici même se développent d’autres espaces complètement consacrés au change et à l’allaitement. De l’eau potable à température est fournie pour les biberons. Voici quelques photos de ce type d’espace.
(espace pour l’allaitement)
(eau potable et à température pour le biberon)
(espace pour le change)
En guise de conclusion, je dirai qu’il n’y a pas d’espace urbain idéal. Par exemple, Taipei manque cruellement de trottoir et quand ils sont présents ils sont souvent saturés par des rangées de scooters ou des petits stands en tout genre.
Je me souviens d’un projet de Paul Virilio des années 90 qui imaginait un espace de vie accessible à tous dans la ville ou on pourrait facilement accéder aux besoins les plus primaires pour ne pas trop se marginaliser, sans être parqué dans des espaces extramuros. Reste à savoir comment ces espaces publiques partagés un peu à l’écart seraient respectés. Sur ce point, je suis sceptique; j’utilise souvent les autolib’ à Paris. Et régulièrement, elles servent de poubelle ou vide-poche selon les cas. A suivre… avec AirPNP.
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